L'essentiel est de ne pas se perdre de vue
Route que nous sommes seuls à connaître, et seuls à pouvoir trouver. A condition de ne pas nous laisser distraire par des faits, actes et paroles sans importance, ni séduire par des chimères. Il faut, peu à peu, apprendre à s'abstraire de toute influence qui nous détourne de notre voie. Stefan Zweig disait, à propos de Montaigne : "Il s'est adonné comme personne d'autre au plus sublime art de vivre : rester soi-même."
Et ce n'est jamais une solution de se lamenter sur sa vie sans rien y changer. D'autant que l'on se sent coupable de ne pas agir comme on sait devoir le faire. Si cette culpabilité est trop lourde à porter, certains la projettent sur les autres : "C'est la faute de ma mère, de mon père, de ma femme, de mon mari, de mon patron." Tout plutôt que de se trouver confronté à ses propres failles.
Il est toujours plus facile de faire porter aux autres ses imperfections. Jusqu'à ce que l'on découvre que les conflits qui nous opposent aux autres sont la conséquence de nos conflits intérieurs. Travaillons sur nos propres contradictions : notre relation avec les autres deviendra, comme par magie -même si c'est l'effet d'un long travail, plus fluide et plus harmonieuse. Cessons d'attendre de l'extérieur ce qui ne peut être que l'effet d'une métamorphose intérieure.
Cette métamorphose est la résultante des nombreux changements que nous avons pu effectuer tout au long de notre vie. Elle est le but de nos renaissances successives. Mais elle n'est pas une finalité. Elle ouvre la voie à un commencement, à une autre vie qu'il ne faut pas craindre. Bien au contraire, il faut tendre nos actes et nos pensées vers cet inconnu que nous ignorons, mais que nous pressentons.
Chacun sait, au plus profond de son intimité avec lui-même, ce qu'il lui faut faire. Mais il fait taire cette petite voix intérieure et il se laisse étourdir par le tumulte du monde qui l'environne. Il faut, pour mieux s'entendre, avoir confiance en soi. Celle-ci ne se manifeste pas, comme on le croit fréquemment, par le fait d'imposer ses pensées à la face du monde, avec force et autorité ; ni, pour se faire entendre, de crier plus fort que les autres. C'est faire silence, au plus profond de sa solitude, pour être à l'écoute de sa propre vérité.
Catherine Bensaïd (Je t'aime la vie)