Des miracles dans le banal...

Publié le par Béa

 

« Dans le banal, je vois des miracles », article de Christian Bobin paru dans le magazine Psychologie :


 




Extraits:


 

Qu’est-ce qu’une vie simple au fond ?


-C’est une vie qui ne se soucie pas trop d’un ailleurs, ou plutôt qui va chercher l’ailleurs sous ses pieds. C’est une vie qui ne fuit pas le nécessaire, ni le trivial, ni tout ce qui revient chaque jour et peut être un peu harassant, comme faire les courses ou travailler. C’est une vie qui cherche partout la gaité, même et surtout dans les moments obligés inévitables qu’il aurait été si facile de vivre en somnambule. C’est une vie qui ne renonce jamais à être surprise.

 


Cette capacité à voir des miracles dans la réalité la plus triviale, c’est aussi celle de votre écriture, non ?


-Oui, parce que la vie est tissée de banal. Quand on est enfant, on sait cela : on regarde les choses s’approcher, s’éloigner, on court d’une couleur à une autre, on vit comme dans une île aux trésors… En ce qui me concerne, il y a des visages, des paroles, des rencontres qui m’on frappé, parfois c’est la feuille d’un arbre qui tombe, la fuite d’un nuage dans le ciel… Des quantités de miracles qui, si je ne les avais notés, auraient glissé dans le néant du sans-mémoire, du sans-parole, du non-partagé. Je me suis aperçu que les choses qui ne sont pas notées se perdent à jamais. L’écriture garde la trace de ce qui était fragile, éphémère et si vital. Elle permet de maintenir le vol même de la vie.

 


Comment garder cette fraîcheur ?


-Je ne sais pas et je ne choisis pas non plus. Je crois que chacun de nous a affaire à ces moments d’existence pure, mais ils passent ou entrent en nous sans être reconnus. Il y a des jours où mes yeux ne voient rien. Rien ne s’y reflète. La vie continue pourtant de m’envoyer des merveilles, mais c’est moi qui suis défaillant, à cause de mon impatience, de ma mauvaise humeur ou de mon angoisse. Et les contraintes, les imprévus, la lourdeur du quotidien, je les accepte, car c’est parfois de ce qui me dessert le plus que va tout à coup arriver la grâce suprême…

 

 

 

 

 

 

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